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Lors de mes différents voyages, j'ai eu la chance d'apprendre le kintsugi urushi au Japon

À travers mes posts, laissez-moi vous faire découvrir et apprécier cet art ancestral japonais comme un art à part entière

Photo du rédacteurDidier Fallières

LE KINTSUGI L'ART DE LA PATIENCE

OU PLUTÔT L’ART DU PONÇAGE.


Je me permets d’écrire ce post afin de rétablir certaines vérités sur l’art traditionnel japonais du Kintsugi, pratiqué avec passion par beaucoup d’entre nous, mais particulièrement malmené par d'autres qui n’hésitent pas à faire des contre-sens et des détournements. ...



BREF HISTORIQUE

Dans l'art traditionnel de l'Urushi (漆) et du Kintsugi il y a le mot Art. Derrière chaque pratique artistique se trouve une histoire et des concepts. En effet, cet art ne se résume pas à un simple assemblage de pièces cassées, mais repose sur toute une tradition ancestrale japonaise mêlant spiritualité, cérémoniale et artisanat. Il trouve sa source dans l’histoire culturelle du Japon et le système de l’iemoto (= modèle d'organisation familiale des arts traditionnels japonais, comme l'ikebana, le théâtre nô, le chanoyu ou le go) ainsi que le bouddhisme Zen.


Chargé de philosophie, le Kintsugi traditionnel japonais établit ses bases à travers différentes idée chargés de sens : Wabi & Sabi * (わび・さび) ou l’art de la perfection imparfaite.

Wabi & Sabi* est une expression japonaise désignant un concept esthétique, ou une disposition spirituelle, Wabi* pouvant être traduit par sobriété/simplicité et Sabi* par le sentiment de paix émanant de choses passées.

On peut également mentionner le terme Mottainai (もったいない - Mo-Ta-I-Nai "Quel gaspillage !" ) qui peut se traduire comme le sentiment directement lié au concept bouddhiste de remords pour les ressources gaspillées et mal utilisées.





LE KINTSUGI CONTEMPORAIN, le kintsugi l'art de la patience

Si l'on devait associer un terme opposé à l’art du Kintsugi ce serait « précipitation » car le kintsugi n'est que patience, lenteur, douceur… mais surtout apprentissage.


Le kintsugi, l'art de la patience.
Vouloir aller trop vite en kintsugi

Je vois souvent passer sur internet de très jolies céramiques travaillées avec ledit art du Kintsugi. Les pièces brillent de mille feux, elles sont présentées orientées vers leur plus belle face, prêtes à être exposées ou ré-utilisées. Le problème, c'est que les angles présentés sont toujours extérieurs et rarement intérieurs.


En réalité toute la philosophie de l'art du kintsugi se trouve à l’intérieur du bol. J'explique lors des premiers cours à mes stagiaires qu’assembler des morceaux brisés est relativement simple et rapide, mais qu’ensuite arrivent les étapes plus complexes et essentielles, c’est-à-dire le comblement, le séchage et notamment le ponçage qui est certes facile pour la partie extérieure, mais s’avère beaucoup plus complexe pour la partie intérieure.





L'une des choses les plus importantes pendant le processus de travail est que la surface le long des failles (extérieures et intérieures) doit toujours être parfaitement lisse qui explique que l’on puisse passer des heures, des jours, voir des semaines à poncer.


Imaginez plusieurs heures de ponçage avec un minuscule morceau de papier de verre (1x1 cm) imbibé d’eau, tenu entre deux doigts. Vous alternez les grains du papier plié en deux pour poncer un mélange appelé sabi urushi, un matériau de comblement fait de terre et de laque, qui devient extrêmement dur après séchage. Avec cet outil en main, vous poncez délicatement l’intérieur et le fond d’un bol, en prenant soin de ne pas rayer la surface en céramique, et répétez l’opération autant de fois que nécessaire.


C’est une étape fastidieuse mais absolument indispensable.


Cette étape cruciale représente 80% du Kintsugi. Elle représente la réussite de votre travail et l’esthétique finale de votre pièce. Cette dernière sera ensuite recouverte de laque noire, rouge et/ou dorée grâce à la poudre d’or.



Travail et esthétique  du kintsugi
Esthétique final

Contrairement à l’idée reçue ce n'est pas l'or qui donne sa beauté à votre travail. L’or peut le sublimer, mais en aucun cas camoufler les défauts. En effet, appliquer de l'or sur une surface non préparée, non lissée, mal poncée, granuleuse feront que les défauts seront plus visibles.



Défaut de comblement  ...
Impatience

Cet art traditionnel japonais n’est donc pas qu’une simple pose d’or dans une volonté de perfection et de sublimation. Le Kintsugi c’est l’art de la perfection imparfaite. C’est une démarche spirituelle, esthétique et artistique que je souhaite transmettre aux futurs passionnés à venir.



Apprenez de l'échec. C'est tout.


* En savoir plus sur le Wabi & Sabi, je conseille le livre de Léonard Koren: À l'usage des artistes, designers, poètes & philosophes… disponible dans toutes les bonnes librairies.





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2 Comments


Réal
Réal
Oct 14, 2021

Merci de défendre ces valeurs essentielles du Kintsugi.

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robert.pennamen
robert.pennamen
Oct 14, 2021

Bravo pour cet article !!!!

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