LES BASES DU KINTSUGI RÉPARER, RECYCLER, RÉUTILISER.
L’ère industrielle a fait glisser la société vers la surconsommation avec laquelle il est plus simple de remplacer un produit défaillant plutôt que de le réparer. Il est souvent difficile d’imaginer qu’un objet abîmé ou cassé peut conserver sa valeur, tant esthétique que spirituelle.
Chaque objet possède une histoire différente selon les personnes le possède. Le vase ci-dessous que j’ai reçu ne fait pas exception, il est rempli de souvenirs pour son/sa propriétaire.
En premier lieu, je privilégie le dialogue afin d’obtenir le plus d’informations possible sur la pièce dans le but de proposer la meilleure réparation possible. J’ai alors appris qu’une tentative de réparation à la colle avait déjà été effectuée en amont, ce qui peut réserver quelques surprises plus ou moins mauvaises.
LA RÉCEPTION
Lorsque je reçois le colis, c'est toujours une découverte, et ce, malgré une description détaillée en amont. J’inspecte minutieusement chaque partie de l’objet et souvent, je découvre des détails qui n’ont pas été mentionnés par son/sa propriétaire. J’effectue alors une première évaluation.
LA PRÉPARATION
Avant de commencer le travail, il est essentiel de nettoyer chaque pièce cassée. Sur ce vase, je décolle les parties assemblées à la colle avec des compresses d’acétone. Puis je nettoie l’intérieur et certaines sections qui ont reçu une couche de cire, probablement dans l’idée de colmater une fuite. Un peu d’eau très chaude suffit dans ce cas de figure.
LA RÉFLEXION
Une fois toutes les parties nettoyées, je peux enfin commencer le travail du Kintsugi traditionnel. Il y a un grand nombre de pièces, 26 au total. Il est important de connaître et visualiser toutes les parties, pour cela, j'effectue un pré-montage visuel à l’aide de scotch. Ainsi, je peux visualiser le vase en entier, les parties manquantes, les éclats intérieurs et extérieurs. Un second pré-montage sera nécessaire avec cette fois-ci un numérotage de chaque pièce en prévision de l’ajustement des éléments entre eux. Étant donné que le vase est très bombé et que sa base est très étroite et cassée en plusieurs morceaux, j’opte pour un montage à l’envers en commençant par le col et non la base pour me servir des effets de la gravité.
Petite astuce
Afin de faciliter les prochaines étapes kintsugi, je consolide et anticipe au préalable (Mugi urushi, sabi, laque roiro) les deux ouvertures (col et base) indépendamment de l’ensemble, mais sans que cela puisse altérer ou distordre le montage initiale.
LA RÉALISATION
La mise en forme s’opère d’un seul tenant, du col vers sa base, en prenant chaque partie numérotée dans son ordre de montage (à l’envers). Je dépose un peu de mugi-urushi sur toutes les pièces sans fixer la dernière pièce.
Explications :
- Cette technique aide au maintien général
- La phase de durcissement du mugi-urushi se termine après une semaine de muro. Je peux enlever la base (non fixe) pour accéder à l’intérieur du vase pendant les travaux de nettoyage au charcoal, mais aussi durant l’application du sabi-urushi, de la laque roiro et du ponçage.
Lorsque toutes ces étapes seront terminées, je pourrai fixer définitivement la base et j’entamerai les autres étapes kintsugi.
La base sera définitivement fixée et j’appliquerai les autres phases du travail de kintsugi : multiples ponçages du sabi et application de la laque roiro autant de fois que nécessaire.
Encore un peu de patience, il vous faut attendre le prochain post pour voir la réparation complète kintsugi du vase…
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